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'entendais ce matin sur France-info l'interview de Pascal Canfin, directeur général de WWF France, au sujet de la "marche pour le climat" qui doit avoir lieu cet après-midi 9 septembre 2018. Pascal Canfin expliquait - il est coutumier de la chose - qu'il fallait surtout manifester contre la Société Générale, qui ose financer des projets dans lesquels interviennent - saintes horreurs - des énergies fossiles. L'horreur absolue quoi. 

 

Pascal Canfin fait partie de cette catégorie de politiques pastèques,  verts à l'extérieur et rouges à l'intérieur, qui ont compris le pouvoir extraordinaire de la manipulation du sentiment d'envie, très efficace chez de nombreuses personnes : "ils ont ce que je n'ai pas, je les hais". "Egalité pour tous (sauf peut-être pour moi)". "L'argent qu'ils ont, ils l'ont eu, c'est sûr, par des moyens illégaux, interdisons, réglementons".

Indépendamment du fait que la mise en oeuvre des réformes proposés par ces politiques pastèques se traduit toujours et systématiquement dans n'importe quel pays du monde, par une perte conséquente du pouvoir d'achat pour tous, le sentiment d'envie rend, de plus, très malheureuses les personnes atteintes car il est rigoureusement impossible de le satisfaire pleinement : il reste toujours plusieurs envies non satisfaites. Il est donc éminemment condamnable d'exacerber ce sentiment chez les électeurs potentiels que l'on veut conquérir. De plus, ce type de manifestation ad hominem qui consiste à pointer du doigt (blame and shame) une entreprise qui pratique une activité qu'un groupe particulier de gens juge condamnable, prenant ainsi tout à fait non démocratiquement le pouvoir sur leurs voisins, n'est pas une amélioration, mais bel et bien une régression importante dans le champ du progrès humain si cher à certains qu'on appelle pour cette raison des progressistes.

religion climatique rene le honzec

Mais revenons à ce projet, un peu bizarre semble-t-il de "marche pour le climat" qui évoque une action "citoyenne"(donc ++) pour la défense d'une entité mal définie (le climat) qui doit donc être mal en point, et cela par la faute de "certains" (qui ne font pas partie de la manifestation) qui font des choses pas bien, qui portent atteinte à ce fameux "climat". Pour ma part, cette marche ne me paraît guère plus sérieuse que ne le seraient une marche pour le volcanisme ou encore une marche pour l'attraction (universelle). Evidemment, vous allez me rétorquer, et vous aurez raison, que ce n'est qu'une toute petite ambigüité sémantique, et que je relève celle-ci avec une mauvaise foi certaine. Simplement, vous ne m'ôterez pas de l'idée qu'un slogan de "marche", ça ne s'improvise pas, ça demande un certain temps de réflexion, et que si c'est mal choisi, ça laisse à penser que les organisateurs n'ont peut-être pas non plus beaucoup réfléchi à la cause qu'ils défendent. En tous cas, c'est certainement ce que nous aurait dit mon regretté professeur de français en classe de troisième...

Oublions la nostalgie et revenons au sujet de cette marche. D'accord, admettons qu'il s'agit, non pas de défendre le climat, mais de défendre ceux, comme Nicolas Hulot, qui sont tout à fait convaincus que le "dérèglement climatique" a été causé par l'action néfaste des humains qui ont répandus dans l'atmosphère une quantité tout à fait excessive de gaz à effet de serre dont le premier est le CO21 pour développer et utiliser les nombreuses techniques actuelles, afin de faire passer le monde du Moyen-Âge à ce qu'il est aujourd'hui. L'objectif, si j'ai bien compris, est donc de défendre ces actions si "citoyennes" qui consistent, pèle-mèle, à dénoncer ces irresponsables qui dégagent du CO2 rien que pour s'enrichir, ou enrichir leurs actionnaires, à dénoncer aussi ces entreprises qui polluent dans le même but, à conspuer ceux qui mettent des produits chimiques dans la nourriture pour empoisonner les honnêtes gens, à ne plus prendre des bains mais à prendre des douches (pas plus de trois par semaine), et à trier leurs déchets pour arrêter de fabriquer des "océans de plastique" dans la mer. Moyennant quoi, le soleil prendra la place de la pluie pendant les week-ends, les canicules qui tuent les vieillards ne seront plus qu'un mauvais souvenir, et la biodiversité reprendra le dessus2. J'allais oublier le niveau de la mer qui risquait de noyer en une nuit la moitié des capitales de la terre s'ils continuaient à polluer la planète, et qui serait enfin stabilisé3

En réalité, ces convaincus de l'urgence de l'action climatique ont été soigneusement conditionnés par le discours "politiquement correct" des médias, des ONGs et des enseignants obéissant aux consignes de l'Éducation Nationale qui est chargée de convaincre "de la maternelle à l'enseignement supérieur" de cette urgence. Et les consignes sont appliquées efficacement, je l'ai constaté en écoutant les paroles de mes petits enfants. Ce conditionnement, qu'en d'autres temps on aurait appelé "propagande" indique très précisément les actions à mener, mais n'indique jamais quelles seront les conséquences, ni qui seront les payeurs. Car, évidemment, cette transition écologique dont Nicolas Hulot fut un temps le ministre, a un coût, et même un coût considérable. Et ce coût, contrairement à ce que les marcheurs d'aujourd'hui suppose, ce n'est pas la Société Générale qui va l'assumer comme le suggère innocemment(?) Pascal Campin, mais bien les marcheurs eux-mêmes. Qui marcheraient peut-être moins bien (et même peut-être plus du tout) s'ils étaient au courant.

emissions annuelles GES EuropeEn effet :

  • Qui, en Europe, envoie le plus de CO2 dans l'atmosphère ? Ce n'est pas la Société Générale, ce n'est pas l'industrie : non, c'est le chauffage des locaux, bureaux, appartements, boutiques et maisons. Ce sont donc ceux qui défilent dans la rue, qui demandent aux autres (ceux qui ne défilent pas) de faire quelque-chose qui leur (les manifestants) appartiendrait, en toute logique, de faire eux-mêmes (voir graphique ci-contre).

  • Quel est le second dans ce palmarès des émissions ? Toujours pas la Société Générale. C'est la circulation automobile, c'est à dire les voitures, et les camions qui nous apportent ce que nous consommons comme, par exemple, la nourriture. C'est donc encore les manifestants qui sont en cause.

L'urgence climatique clamée par nos défileurs dans la rue entre Hôtel de Ville et République, à Paris, c'est donc directement aux manifestants eux-mêmes de la mettre en oeuvre, et non pas, comme un grand nombre d'entre eux se l'imaginent à des organisations diverses comme les gouvernements ou encore la Société Générale. Abaissez la température de vos logements (deux degrés me paraissent un minimum), payez pour isoler vos combles, remplacez votre voiture par un vélo, et l'urgence climatique disparaîtra comme par enchantement. Vous croyiez, innocemment, qu'il suffisait d'interdire les voitures Diesel des autres  pour résoudre l'urgence ? On vous a trompé mes bons amis.

Mais la tromperie ne s'arrête pas là. L'électricité produite par ces si belles éoliennes, que vous consommez de préférence parce que vous avez pris un abonnement spécial qui consiste à ne consommer, en théorie, que de l'électricité verte4, vous savez que ça coûte environ trois fois plus cher à produire que l'électricité d'origine nucléaire tant décriée ? Pensez-vous que ce seront les autres qui payeront pour votre consommation ? Avez-vous, par hasard, lorsque Nicolas Hulot vous a vendu l'électricité renouvelable, oublié, comme lui, que les fameux emplois créés par l'industrie éolienne devraient être payés par le prix de l'électricité ? 

Autre point important : les Africains désirent ardemment le développement de leur continent, et savent que celui-ci n'arrivera que le jour ou l'électricité sera distribuée partout chez eux. Pensez-vous qu'ils accepteront que celle-ci soit fournie exclusivement, par des éoliennes alors que le prix de revient de cette électricité est trois fois plus élevé que si elle est fournie par des carburants fossiles ? Ne pensez-vous pas, honnêtement, que cette fameuse proposition de M. Borloo revient, tout simplement à se moquer d'eux ? Enfin, pensez-vous que tant qu'il y aura du pétrole et du gaz naturel, les gens qui n'ont pas eu la possibilité d'utiliser avant ces fameuses sources d'énergie fossiles accepteront de les laisser dormir sous terre ? Il faut être bien niais pour le croire...

Faisons maintenant un saut dans le futur. Il est indéniable qu'un jour, peut-être pas si éloigné que ça, l'extraction du pétrole et du gaz se mettront à coûter de plus en plus cher. A ce moment-là, croyez-vous que ces éoliennes miraculeuses pourront fournir une énergie électrique vitale ? Il n'est pas besoin de grands discours pour comprendre que le vent est capricieux, et qu'il souffle souvent trop ou pas assez fort. (En fait, pour une éolienne donnée, cela se produit 75 % du temps en moyenne chez nous). Croyez-vous que le chirurgien en pleine opération, pourra attendre trois ou quatre jours que le vent souffle de nouveau, pour reprendre son intervention ? La France a eu la chance d'opérer sa transition énergétique il y a cinquante ans sous l'impulsion du Général de Gaulle. Elle dispose aujourd'hui de centrales nucléaires stables et fiables, capables de fournir, par tous les temps, toute l'énergie électrique dont vous avez besoin, sans émettre de CO2. Pensez-vous que l'opinion de quelques excités verts hostiles à ce type d'énergie puisse être considérée au point de perdre délibérément l'avance de votre pays dans ce domaine, avance qu'il serait sage de maintenir pour pouvoir un jour faire face à cette inéluctable pénurie énergétique ?

Il est, bien sûr, bien trop ambitieux de prétendre connaître ce que sera l'état des techniques de l'énergie dans cinquante ou cent ans. Aussi, avant de tirer des plans sur la comète comme ceux que l'on a pu lire dans les fameuses PPE (Programmations Pluriannuelles de l'Energie), il faut au moins évaluer objectivement les chances d'aboutissement d'études comme celles sur le stockage de l'énergie, avant de planifier des situations comme celle du 100 % d'énergies renouvelables. Ne prévoir qu'un cas de figure parce que c'est celui qui correspond à nos espoirs, c'est tout simplement  faire preuve d'un dogmatisme dangereux et d'une démagogie évidente : c'est pourtant ce que nous proposait le héros disparu (de son poste) Nicolas Hulot. Décider tout seul que les moteurs thermiques seraient bannis à partir d'une certaine date, cela fait partie de l'utopie verte, mais cela ne découle pas d'une analyse rigoureuse du problème des transports. C'est une erreur que de confier à un doux rêveur les moyens importants dont dispose un ministère chargé, à la fois, de l'énergie et de l'environnement.

Alors, bonne retraite Monsieur Hulot ! Et vous, les marcheurs pour le climat, rangez vos pancartes et mettez-vous au boulot puisqu'il y a urgence !

 


(1) En fait, c'est le deuxième, le premier étant la vapeur d'eau.
(2) Le problème de la perte de biodiversité se situe dans les pays en développement. Les pays développés, eux, s'occupent en général efficacement de ces problèmes chez eux. C'est, bien sûr politiquement très incorrect à dire, mais c'est la vérité.. 
(3) Contrairement à ce qu'un certain nombre de gens imaginent, le niveau de la mer monte naturellement et régulièrement depuis la dernière déglaciation, et si on stabilise le niveau de CO2 dans l'atmosphère, le niveau de la mer continuera de monter tranquillement... ce que des scientifiques peu scrupuleux évitent systématiquement d'indiquer.
(4) En réalité, en raison du maillage du réseau électrique, c'est à dire de l'interconnection entre les moyens de production et les postes de consommation, on ne sait jamais où va (ou d'où vient) l'électricité. L'abonnement à l'électricité "verte", c'est le sucre pour faire sauter le chien - juste un moyen de capturer le client gogo vert...