mmanuel Macron vient de recevoir un message lui indiquant que le sauvetage de la planète qu’il avait programmé pour sa plus grande gloire, n’était peut-être pas aussi simple à mettre en œuvre qu’il l’avait supposé : en effet, quelques milliers de manants sans vergogne ont décidé de s’opposer bruyamment à ce projet au risque de le compromettre, compromettant par la même occasion son projet de devenir le chef d’état leader européen de la cause écologique.
Ainsi s’exprime le miracle de la démocratie : d’humbles citoyens pas forcément instruits ressentent confusément, mais très fortement que l’augmentation sans cesse répétée de la taxe sur les carburants, qui atteint déjà un sommet d’environ 200 %1, n’est plus acceptable. Ce n’est pas une question de moyens, en ce sens que venir en aide aux plus démunis par un coup de pouce appelé chèque énergie (ou autrement) n’est pas acceptable non plus. L’essence doit avoir un prix « décent », le même pour tous le monde. D’ailleurs, le chèque énergie revient, d’une certaine façon, à subventionner le droit de polluer pour les plus pauvres et n’est pas plus acceptable.
Alors, oui, l’écologie semble être une pente extrêmement glissante dans laquelle ceux qui s’engagent ne reviennent jamais plus en arrière, ce que ressentent aussi, confusément, ces manants sans ressources, mais munis d’un droit de vote. Et ce changement de comportement voulu par les organisateurs des nouvelles mobilités, nos héros en jaune ne veulent pas qu’on le leur impose en augmentant précisément le prix de l’essence pour les éloigner de leur de plus en plus chère bagnole. Ils veulent pouvoir décider de leur comportement par eux-mêmes et non pas qu'on le leur impose. Qu’on bassine leurs enfants à l’école, ou eux-mêmes à la télévision par des messages peints en vert sans cesse répétés mélangeant allègrement sauvetage de planète, pollution et citoyenneté, passe encore, mais qu’on les force dans une direction qu’ils n’ont pas choisie, non, jamais !
D’ailleurs, cette façon de procéder, bien qu’elle soit largement employée par les gouvernements de la planète n’est pas le procédé qu’enseigne le marketing pour amener un groupe de personnes à un certain comportement : pour vendre un produit (ou pour initier un comportement), il faut normalement proposer quelque chose de mieux que ce que propose la concurrence. Quelque chose de plus élégant, de moins cher, ou quelque chose qui possède des qualités que ne possèdent pas les produits concurrents. (En réalité, il suffit d’ailleurs que cette chose apparaisse comme mieux aux acheteurs pour qu’ils achètent).
Seuls les gouvernements peuvent se permettre de forcer les citoyens dans une direction choisie pour eux. En effet, les gouvernements n’ont pas de concurrent, du moins tant qu’ils sont en place. Ils sont donc en position de monopole, et ils en profitent honteusement. Il n’existe en effet pas de gouvernement-bis qui proposerait aux citoyens des moyens de transport rapides, silencieux, pas chers et séduisants, toujours disponibles et non polluants, capables de remplacer sans regret leur vieille mais indispensable voiture. (Ces moyens, d'ailleurs, n'existent pas, en dépit de la propagande intense concernant les véhicules électriques).
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Source : Placide actualités |
En réalité, le gouvernement français applique tout simplement la loi du 17 août 2015 présentée en 2014 par Ségolène Royal, qui a conduit à la mise en place de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie), avec des objectifs chiffrés très volontaristes et très précis. Le nombre d’heures de travail dévolues à son élaboration n’a pas été publié, mais il doit être très grand. Tout, ou presque, a été étudié et prévu dans ce plan, jusqu’à son impact environnemental, ce qui semble être une première. Tout, enfin presque. Sauf la réaction de quelques manants vêtus de jaune, qui viennent perturber le déroulement sans heurts de ce gosplan.
Evidemment, il est impossible pour le gouvernement, de revenir en arrière sur la fameuse transition écologique qui, d’après ses adeptes, rencontre une certaine unanimité chez les électeurs… encore qu’il faudrait y regarder de plus près, car les questions posées aux sondés par les instituts de sondage ne comportent pas d'explications précises sur les conséquences, pour les sondés, de cette incontournable transition. (Si les informations concernant le prix de l'essence, de l'électricité et d'une façon générale de tout ce qui concerne le prix de l'énergie étaient explicitées aux sondés, il est probable que cette belle unanimité disparaitrait).
Les jours passant, les revendications s’accumulent et deviennent souvent contradictoires. Certaines d’entre elles paraissent légitimes, surtout si on en élude les conséquences, d’autres sont totalement irréalistes et impossibles à mettre en œuvre. En effet, le gouvernement ne peut plus, comme par le passé, donner l’illusion de pouvoir magiquement fabriquer de l’argent pour le distribuer, en faisant fonctionner la planche à billets2. Le seul argent qu’il peut distribuer, c’est l’argent qu’il prend aux Français. Certains des manants habillés de jaune admettent ce fait. D’autre semblent ignorer jusqu’aux fondamentaux de l’économie moderne, ce qui soulève une interrogation, car enfin, l'économie est bien au programme des grande classes du secondaire. (Il faudra que je vérifie ce point dans les livres de cours de mes petits enfants).
Bref, le temps passant rend la sortie de crise de plus en plus difficile. Après ses "victoires" successives sur les syndicats à propos des ordonnances sur le travail et à propos de la SNCF, rien n'indiquait qu'une bande de gilets jaunes qui préfèrent assurer leur fin du mois avant de s'occuper de prévenir la fin du monde pourrait inquiéter un gouvernement doté pourtant d'une majorité parlementaire écrasante. Décidément, la France est un pays imprévisible...