L'observation attentive de l'évolution des températures terrestres réserve parfois quelques surprises
Les températures de la basse atmosphère mesurées par les satellites et exploitées par l’Université d’Alabama à Huntsville (UAH) s’affranchissent des biais des températures de surface (relief, zones terrestres peu ou pas couvertes) et l’évolution de leur moyenne est probablement un reflet le plus fidèle possible de l’évolution des températures globales. L’orbite des satellites en question passe systématiquement au-dessus des pôles en se décalant à chaque tour, réalisant finalement un survol complet de toutes les zones de la surface terrestre. Ce survol permet une couverture beaucoup plus homogène que celle apportée par les stations terrestres.
Les mesures satellitaires sont régulièrement critiquées par les carbocentristes car elles donnent des valeurs qui ne correspondent pas exactement à la doxa réchauffiste (ce qui les rend d’autant sympathiques pour le climatosceptiques…). Cela ne les empêche d'ailleurs pas d'accepter sans aucune réticence les températures de surface de la mer qui proviennent pourtant pour une large part, des mesures satellitaires...
Dans l’ancienne édition de ClimatDeTerreur.info, j’avais reproduit, tous les mois, le graphique des températures de la basse atmosphère réalisé et tenu à jour par Roy Spencer. Dans la présente édition, j’ai préféré réaliser moi-même le graphique à partir des données publiées chaque mois par l’Université de l’Alabama. Voici ce graphique :
![]() |
Graphique 1 mis à jour le 28 janvier 2023 |
Les écarts de température représenté en ordonnées sur le graphique représentent la différence entre la moyenne des températures réelles mesurées, et la température moyenne calculée sur la période 1981 – 2010 (30 ans) pour le mois correspondant. Il est important de savoir que les périodes de référence des différents organismes publiant des données de température ne sont pas forcément identiques. Les valeurs des écarts (appelés souvent « anomalies » comme s’il existait une température réglementaire « normale ») sont donc différentes suivant les organismes qui publient, sans que cela signifie nécessairement que les températures mesurées sont différentes.
Quelques explications sur ce graphique
Il y a six différentes courbes sur ce graphique :
- Les courbes en zigzags sont constituées par des points reliés entre eux par des segments pour faciliter la lecture. Ces points représentent la moyenne des températures mensuelles de la basse atmosphère au-dessus de :
- Les océans (points bleus, entourés de rouge)
- Les terres (points verts entourés d'orange)
- Les courbes continues épaisses sont constituées par les moyennes glissantes annuelles des valeurs ci-dessus :
- Moyenne annuelle glissante au-dessus des océans (courbe épaisse bleue).
- Moyenne annuelle glissante au-dessus des terres (courbe épaisse verte)
- Moyenne annuelle pondérée des deux valeurs ci-dessus (courbe épaisse jaune)
Depuis septembre 2018, le point représentant cette moyenne est positionné sur le 15 du dernier mois (méthode Microsoft). Il était auparavant positionné sur le 15 du septième mois. La courbe représentative démarre à gauche au 15 janvier 2016
Autre observation :
La température moyenne obtenue à partir des stations terrestres fait traditionnellement la une des grand médias parce qu’elle est considérée comme une valeur simple et facile à comprendre pour tout le monde. C’est cependant une valeur entachée de nombreux défauts qui sont tels qu’il est peu pertinent de lui attacher trop d'importance. En effet :
- La répartition des stations de mesure de température à la surface de la terre est très loin d’être homogène. Par exemple, le nombre de stations de mesures aux USA est d’environ 1 200, alors que le nombre total des stations dans le monde est de 7 200 environ. Les USA représentent donc 1 200/7 200*100 = 17 % des points de mesure alors que la surface des USA ne représente qu’environ 2 % de la surface du globe (Hansen 2001).
- Certaines régions du globe ne sont pas couvertes du tout ou couvertes par un nombre très petit de stations par rapport à leur surface. Les températures sont donc extrapolées sur des distances pouvant aller jusqu’à 1 200 km (GISS). C'est un peu comme si on extrapolait la température de Marseille au moyen de celle de Lille.
- L’altitude des différents points de mesure n’est pas prise en compte. Or, les températures mesurées à la surface du globe sont prises conventionnellement au-dessus du sol à une hauteur de 1 ou de 2 m. C’est donc la température de l’atmosphère qui est, en fait, mesurée. La température étant une grandeur intensive, c’est en fait l’énergie liée à la température qui est tacitement considérée lorsqu’on en fait la moyenne. Or, l’énergie en question est elle-même liée à la masse spécifique de l’air, et donc à l’altitude du point de mesure. Ce qui signifie qu'en bonne logique, les points bas devraient être affectés d'un coefficient de pondération plus élevé que les points hauts.
2 février 2022 : la mise à jour met en évidence un pic de température très important pour la semaine du 21 au 27 novembre 2021 : la moyenne des SST passe brusquement de 0,4092 à 0, 7972 °C, puis repasse à 0,4075 °C la semaine suivante. Je n'ai pas fouillé cette anomalie, pour déterminer où et comment ce pic de température est apparu. Je suis néanmoins assez sceptique sur la validité de ce pic. 29 juillet 2022 : les trois courbes moyennes présentent une remontée sur les derniers mois qui semble montrer que le minimum déjà observé en 2019 a été atteint. Néanmoins, il faudra encore attendre 2 ou 3 mois avant que ce fait soit confirmé. 10 octobre 2022 : la remontée est confirmée. Cependant, la probabilité que l’épisode La Niña se poursuive pendant la période septembre-novembre 2022 reste d’environ 70 %. La probabilité de conditions ENSO neutres s’établit elle-même à 30 % et celle d’un nouvel épisode El Niño est proche de zéro, ce qui signifie que la probabilité de la poursuite de la remontée est faible. 28 janvier 2023 : alors que nos médias s'acharnent toujours sur "l'exceptionnelle montée des températures illustrée par la sécheresse du dernier été ainsi que la canicule" qui ont fait "prendre conscience" a des millions de personnes de la réalité de ce réchauffement "anthropique", observons la baisse brutale des moyennes de températures terrestres au cours de la fin de l'année 2022 (graphique 1). |
La surface de la mer représente plus de 70 % de la surface du globe. Sa température est mesurée par des bateaux sillonnant en permanence les océans, par des satellites munis de radiomètres qui mesurent la température par la mesure de l’émission infrarouge des premiers millimètres de la surface, et enfin par une série récente et importante de bouées, les bouées du projet ARGO. Ces mesures peuvent être comparées entre elles et servir au calcul bien plus rationnel d’une moyenne à altitude constante, fiable et plus significative que la moyenne des températures terrestres.
Le graphique suivant représente l’évolution des températures de surface marines (SST[ii]) publiée par la NOAA :
Graphique 2 mis à jour le 28 janvier 2023
Origine: http://iridl.ldeo.columbia.edu/SOURCES/.NOAA/.NCEP/.EMC/.CMB/.GLOBAL/.Reyn_SmithOIv2/.weekly/.ssta/%5BX%5D0.0/average/%5BY%5D0.0/average/T/%28jan%202012%29%2814-20%20Apr%202013%29RANGEEDGES/
La température de surface de la mer baisse depuis 2016, après avoir connu une montée importante entre 2012 et 2016 et une quasi-stagnation entre 1998 et 2012. Les modèles informatiques n'expliquent pas ces variations qui ne suivent pas précisément l'augmentation du taux atmosphérique de CO2.
La NOAA publie les valeurs moyennes des températures calculées sur une période de 7 jours. Son site peut calculer à la demande la moyenne globale hebdomadaire des SSTs qui a été utilisée pour construire le graphique ci-dessus.
Ci-dessous, le graphique complet des moyennes hebdomadaires des SST de la NOAA (Le premier graphique ci-dessus ne représente les valeurs que depuis janvier 2016, il correspond au rectangle bleu en haut et à droite du graphique suivant).
Graphique 3 mis à jour le 28 janvier 2023
Origine: http://iridl.ldeo.columbia.edu/SOURCES/.NOAA/.NCEP/.EMC/.CMB/.GLOBAL/.Reyn_SmithOIv2/.weekly/.ssta/%5BX%5D0.0/average/%5BY%5D0.0/average/T/%28jan%202012%29%2814-20%20Apr%202013%29RANGEEDGES/
Saviez-vous que les températures de la mer baissaient régulièrement depuis 2016 ? Probablement pas si vous vous contentez de suivre celles-ci sur les médias traditionnels : aucun d'entre eux n'annonce ce phénomène pourtant très net. An contraire, des annonces tonitruantes vous persuadent que les températures foncent vers des sommets très inquiétants. L'objectif est en effet de vous amener à accepter des prix de l'énergie qui vont progressivement doubler ou tripler si on produit celle-ci avec des procédés moyenageux comme les éoliennes. C'est ce qu'on nomme de la désinformation.
Il existe évidemment d'autres sites de référence qui recueillent et publient régulièrement les mesures de température. Le plus respecté est probablement le Hadley Centre, branche du Met Office londonien qui fournit les prévisions météos britannique depuis 150 ans. Il existe également les données du GISS (Goddard Institute for Space Studies), branche de la NASA. Le problème des données du GISS, c'est que dans les zones de la surface terrestre où les stations de mesure sont très éloignées les unes des autres, le GISS utilise un algorithme qui interpole les valeurs de températures sur des distances allant jusqu'à 1 200 km. C'est un peu comme si on déterminait la température de Marseille à partir de celle de Lille. Ce procédé à été analysé et conduit à des exagérations des valeurs de réchauffement dans des zones comme l'Arctique. Mais il faut noter que l'objectif de l'inventeur de ce procédé, James Hansen, était aussi d'alarmer les populations.
Un autre organisme américain fondé par un scientifique de renom, Richard Muller, publie des données de températures terrestres depuis 2012 : le Berkeley Earth Surface Temperature (BEST). Cet organisme sans but lucratif affirme que ses méthodes sont plus fiables que celles des autres organismes (NOAA, NASA et Hadley Centre). On constate effectivement que la zone de certitude à 95 % et plus, représentée par la bande blanche entourant la courbe des valeurs moyennes des températures (ouf) est nettement plus étroite que celle du Hadley Centre. Richard Muller est un sceptique converti au réchauffisme anthropique, ce qui ne l'empêche pas d'écrire dans le New York Times après sa conversion : "I still find that much, if not most, of what is attributed to climate change is speculative, exaggerated or just plain wrong. I’ve analyzed some of the most alarmist claims, and my skepticism about them hasn’t changed". (Je pense toujours que beaucoup, sinon la plupart des faits attribués au changement climatique sont spéculatifs, exagérés ou juste complètement faux. J'ai analysé quelques-unes des affirmations les plus alarmistes, et mon scepticisme vis à vis d'elles n'a pas changé).
Graphique 4 : Evolution des températures terrestre depuis 2016 selon le BEST. Mis à jour le 29 juillet 2022
Pour le BEST, comme en témoigne le graphique 4 ci-dessus, les températures descendent bien aussi entre 2016 et aujourd'hui, en dépit des nouvelles alarmantes : 2016 : nouveau record de chaleur sur terre, La température de la planète grimpe deux fois plus vite que prévu, Le réchauffement climatique explose en 2016 ! Le rythme du réchauffement climatique progresse, L'OMM confirme l'accélération dramatique du réchauffement etc. etc. Les superlatifs volent en escadrille. Aucun de ces journaux ne fait mention de l'évolution des températures depuis 2016, pourtant notée par tous les grands organismes qui la publient.
Pour la NASA ((GISS) :
Graphique 5 mis à jour le 29 juillet 2022
Pour le Hadley Centre :
Graphique 6 mis à jour le 29 juillet 2022
Pour le MSU :
Graphique 7 mis à jour le 29 juillet 2022
Les graphiques ci-dessus ont été tracés à partir des données du site bien connu WoodForTrees.
Le tableau suivant regroupe les valeurs caractéristiques de températures terrestres globales depuis 2016. La pente est celle de la droite de régression (de la même couleur que la courbe correspondant, mais en pointillés). La baisse depuis 2016 correspond à 7 fois la valeur de la pente (7 ans depuis 2016).
Origine | pente (°C/an) | baisse depuis 2016 (°C) |
BEST | 0,0214 | 0,1498 |
NASA | 0.0147 | 0.1029 |
HADLEY | 0,0224 | 0,1568 |
MSU | 0,0144 | 0,1008 |
Tableau mis à jour le 29 juillet 2022
Il est intéressant de comparer ces chiffres au communiqué récemment émis par l’OMM, organisme « réchauffiste » s’il en est, et qui déclare en substance que l’augmentation des moyennes de températures depuis le début de l’ère industrielle se rapproche dangereusement du seuil fatidique de 1,5 degré que Monsieur Laurent Fabius avait choisi avec son petit marteau lors de la COP 21 à Paris.
A propos de ces 1,5 degré, j’ai une certaine réticence à considérer cette valeur comme un seuil dangereux, ne serait-ce que parce que pour définir un seuil de température, il faut tout d’abord connaître avec précision la valeur exacte de la moyenne des températures prise comme base « au début de l’ère industrielle ». Premièrement parce que la date de ce début n’est pas connue avec une grande précision, et deuxièmement parce que la moyenne des températures à cette hypothétique date était calculée entre un nombre ridiculement bas de stations de mesures qui étaient elles-mêmes très très loin d’être représentatives de la moyenne réelles des températures mondiales si on avait pu les mesurer.
A la lumière de ces dernières constatations, les affirmations de Monsieur Petteri Taalas, Secrétaire Général de l’OMM apparaissent comme appartenant plus à de la propagande qu’à des considérations scientifiques. On peut, à la rigueur, pardonner à un politique comme Laurent Fabius des erreurs dues à de la méconnaissance d’un sujet scientifique ardu. Il est plus difficile d’accepter des prises de position comme celle de Petteri Taalas lorsque l’on sait que ce Monsieur est titulaire d’un PhD de Météorologie, titre qui exige, en principe, des connaissances scientifiques de base dans le domaine de la manipulation des incertitudes.
Un grand scientifique, le docteur Roy Spencer de l'Université de l'Alabama à Huntsville, spécialiste des mesures des températures par satellite a comparé l'évolution réelle de la température moyenne des mers situées entre 60° Sud et 60° Nord entre 1979 et 2021 (42 ans) avec celle donnée par 68 simulations de 13 modèles climatiques différents. Le résultat, dont le graphique est donné ci-dessous, est édifiant : (source : https://www.drroyspencer.com/)
Graphique 6 : Mis à jour le 5 mai 2021
Ajoutons que les prévisions apocalyptiques qui font la une des médias sont représentées par les courbes de températures situées à la partie supérieure de l'ensemble - Sans autre commentaire...
Un scientifique français célèbre m'a affirmé une fois, il y a longtemps, que l'exagération qui entoure les annonces concernant les conséquences du changement climatique était uniquement destinée à faire prendre conscience aux gens de l'importance du phénomène et de l'obligation d'accepter les mesures prises pour lutter contre lui. Je trouve cette explication pertinente, mais je conteste néanmoins la méthode.
_______________________________
1: D'aucun invoquent le phénomène "La Niña" pour expliquer la baisse des températures, mais il faut remarquer que ce phénomène est en cours depuis le deuxième trimestre 2020 et son influence est plutôt maintenant en phase descendante, ce qui affaiblit beaucoup l'argument.